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Voyage en side car au Maroc 35

Publié par : pierre49590 le 06/04/2025
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Après quelques bouchées, Madeleine se redressa légèrement, croisant son regard avec le mien.
- Pierre… souffla-t-elle en effleurant le rebord de son verre. Je crois que je vais mettre du temps à me remettre de cet après-midi.
- À ce point ?
Elle hocha la tête, comme si elle-même n'en revenait pas.
- Ce garçon… il est incroyable. Je savais que j'aurais du plaisir, mais pas comme ça. Pas avec cette intensité.
Elle se tut un instant, cherchant ses mots. Puis, d'une voix plus basse, elle reprit :
- Et puis… sa voix, son vocabulaire…
Je la regardai en coin, devinant où elle voulait en venir.
- Ah, ça…
Elle esquissa un sourire, mais je vis bien que l'émotion la gagnait encore au plus profond d’elle-même.
- Il m'a prise… vraiment prise. Pas seulement avec son corps, mais avec ses mots. Ce qu'il disait… la manière dont il me parlait… Mon Dieu, Pierre, c'était quelque chose !
Elle porte son verre à ses lèvres, sans le quitter du regard, puis le reposer doucement.
— Il savait exactement comment me faire sentir… comme une femme qui se donne, qui se soumet. Et je n'avais même pas envie de résister. Je me sentais pas sa partenaire, mais sa femelle.
Sa voix s'était faite plus feutrée, plus intime, presque troublée.
Je la laissais continuer, curieux d'entendre la suite.
- Je croyais tout savoir du plaisir, mais il m'a ramenée à quelque chose de plus instinctif, de plus brut… J'ai adoré.
Elle me fixait intensément, cherchant peut-être en moi une forme de validation, ou simplement quelqu'un qui comprenait. Je pris une gorgée de vin, savourant l'instant, puis lui souris.
Nos verres s'entrechoquèrent doucement, et nous laissâmes la conversation flotter dans l'air tiède du patio, bercés par la lumière vacillante des lanternes et le murmure lointain de la ville endormie.
Nous nous quittâmes en fin de soirée, comme de vieux amis. J’avais un peu peur qu’elle me relance, mais visiblement parfaitement comblée par cet après-midi, elle déposa un chaste baiser sur ma joue en me susurrant :
- Il faudra qu’on y retourne ? Promis ?
- Promis, lui répondis-je, sans être sûr de vouloir faire ça à nouveau à trois avec elle. J’avais 20ans, déjà une certaine expérience et recherchais plutôt de nouvelles découvertes. Dans tous les cas ; me dis-je, je pourrai toujours la déposer chez Younes.

Je passai une nuit fort sage, bercé par la fraîcheur légère qui s'infiltrait à travers les persiennes entrouvertes. Pourtant, l'aube à peine levée, je fus réveillé par une présence familiale, une silhouette que je reconnaisse avant même d'ouvrir totalement les yeux. Daoud. Fidèle à ses habitudes, il s'était glissé dans ma chambre avec la discrétion d'un homme qui sait où il va et ce qu'il vient chercher. Son parfum mêlait l'odeur du musc, du savon et d'une virilité contenue, et dans l'ombre encore pâle du matin, il me rejoignit dans le lit avec la même assurance que toujours.
Il m'honora à sa manière, méthodique, attentive, mais cette fois, quelque chose en moi ne répondais toujours pas. Je l'aimais, à ma façon, profondément même, mais mon corps, épuisé des excès de la veille, refusait de s'abandonner à lui comme il l'aurait voulu. Il s'en étonna, cherchant mes yeux dans l'obscurité avec une pointe d'interrogation, peut-être même un léger doute.
— Tu ne sens toujours rien ?
Je détournai légèrement le regard. Il connaissait déjà la réponse, et pourtant, il la posait encore, comme à chaque fois, comme s'il suffisait d'une nuit, d'un instant, pour que tout bascule enfin, pour que mon corps réponde au sien. Mais il le savait. Il savait que, depuis toujours, je me laissais faire sans jamais éprouver ce qu'il aurait voulu que je ressente. Je n'avais jamais eu besoin de lui mentir. Il préférait le silence à un mensonge éhonté. Alors je me contentai de poser une main sur son visage, cherchant à effacer cette légère fêlure dans son regard.
- Tu espères encore ? souffle-je
Il baissa les paupières un bref instant, comme pour masquer une pensée fugace, puis haussa les épaules avec cette nonchalance typiquement masculine qui masquait à peine son trouble.
- On dit bien que l'espoir fait vivre…
Il resta un instant contre moi, son souffle chaud effleurant ma nuque, avant de se redresser et de m'observer, un brin pensif.
- Toi, tu as fait des folies hier…
- Des folies ? Je ne vois pas de quoi tu parles…
Il laissa échapper un rire bref, un rire grave et tranquille, mais où pointait une petite pointe d'agacement.
- Bien sûr. Et moi, je suis le marabout.
Je me redressai légèrement sur un coude, le scrutant un instant avant de lancer, presque taquin :
- Et ta femme, alors ? Elle ne s'étonne pas, elle, de ton manque d'assiduité ?
Il haussa un sourcil, une surprise, puis un sourire effleura ses lèvres avant qu'il ne secoue lentement la tête.
- Ah, mon amour… Tu n'as toujours pas compris, hein ? Ici, c'est différent. On ne se marie pas par amour, pas à mon époque en tout cas. Le mariage, c'est une affaire de famille, d'honneur, de respectabilité. Moi, on m'a donné une épouse, comme on m'a donné une maison, un travail. C'était une chose qui allait de soi.
Il soupira légèrement, fixant un point invisible au plafond.
- L'amour… ça, c'est autre chose. Comme avec toi… Ça ne se mélange pas toujours avec le mariage.
Un lourd silence s'installa alors entre nous, un de ces silences qui en disent plus que les mots eux-mêmes. Il n'était ni gêné ni pesant, mais il portait en lui une densité troublante, comme si, d'un commun accord, nous nous refusions de nommer ce qui flottait dans l'air. Ce qu'il venait de dire était un aveu déguisé, une vérité qu'il ne voulait ni affirmer ni nier, qu'il laissait suspendue, dans cet entre-deux où les choses existant sans se dire. Peut-être était-ce cet amour qu'il ne voulait pas nommer, cet attachement qu'il ne pouvait pas afficher ouvertement – surtout pas pour un homme, et encore moins pour moi, un Français, un "Firançaoui" , étranger à son monde, à ses règles, à ses silences.
Je le regardai, tentant de capter dans son visage la moindre brèche, une faille qui trahirait ce qu'il pensait réellement. Mais il restait impassible, dans cette maîtrise de soi que les hommes de son pays savaient si bien cultiver. Pourtant, son souffle était plus lent, son corps légèrement tendu contre le mien.
Un silence s'étira entre nous, lourd de ces choses que nous ne pouvions ni dire ni nommer. Daoud fixait toujours un point invisible au plafond, comme s'il cherchait dans les ombres ...

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Mots-clés : Histoire 100% vécue, Gay, Bisexuel